dimanche 7 avril 2013

Jacques Tiziou, le discret héros spatial de Washington

La demeure discrète (et la vie) de Jacques Tiziou à Washington. - Photo : rke
Là derrière, sa maison.
- Photo : rke

[ Washington, April 6th, 2013 © rke, english below ] – Il a tout fait. Piloté (en simulateur s’entend) une cabine Apollo, le module lunaire LEM et la jeep, la navette spatiale, touché une fusée du doigt peu avant le décollage, mangé et festoyé avec les astronautes américains les plus célèbres (Shepard, Aldrin, Stafford et j’en passe), interviewé Werner Von Braun et Youri Gagarine, conseillé les journalistes spatiaux, engoncé une vraie combinaison d’astronaute…. Bref, Jacques Tiziou est un surhomme, presque un héros : « Je croyais que les astronautes étaient des surhommes, mais en les côtoyant régulièrement, je me suis aperçu que ce sont des personnes comme nous ». Oui, mais lui, Jacques Tiziou, est le seul Européen - si ce n’est le seul journaliste non-Américain - à s’être établi aux USA pour couvrir toute les missions depuis les début de la conquête spatiale.
Les potes de Jacques Tiziou ? Des astronautes ! Comme
ici avec Alan Shepard. - Photo : rke
Journaliste et ingénieur (dans le domaine de la motorisation des fusées) à la fois, ce Français a réussi à gagner la confiance de la NASA et du milieu spatial américain comme nul autre pareil. Il s’est d’abord établi à Cocoa Beach, pas loin de Cap Canaveral, pour alimenter en textes et images plusieurs médias européens dont Le Matin (à l’époque La Tribune de Lausanne), puis la RTS (en son temps la RSR) ainsi que les TV françaises.
Aujourd’hui, je l’ai rencontré dans sa discrète maison bien implantée dans la banlieue tranquille (enfin, presque-banlieue) de Washington. Sur le toit, il y a encore la vieille antenne télé qui capte les ondes hertziennes. Les jonquilles sont déjà bien dressées, les arbres encore dénudés semblent avoir souffert du passage de l’Ouragan Sandy en automne dernier. Celui de sa voisine, l’arbre, penche tellement qu’il risque de tomber sur la demeure de Jacques.
Salut ! On est dans le bistrot des années cinquante.
- Photo : rke
Une demeure bien journalistique avec de la paperasse jusque vers la porte d’entrée. J’ai trouvé un coin où m’asseoir sur le sofa. « C’est la que je reçois les astronautes », me confie l’homme de l’espace. Oh, mais qu’est-ce que je peux en être fier.
Après 3 heures de causerie passionnées et captivantes, je le conduis au bistrot manger une « morce » à l’Américaine. Dans le « Diner » des années cinquante, histoire de se rappeler des bons moments des débuts de la conquête spatiale.
« Eh, attends-moi, je suis de la génération d’avant guerre », me rappelle Jacques qui a quelques difficultés à marcher. Mérite à lui, car il a combattu et est sur le point de guérir un cancer. Et il est toujours d’attaque pour suivre le programme spatial, souvent sur Internet. Avec le verbe bien affûté, l’œil intelligent, la voix rassurante, le style convaincant et la finesse de la technique, Jacques Tiziou n’a rien perdu de sa superbe journalistique.
Cela confirme ce que je pensais à l’époque où je lisais ses articles lorsque j’étais tout gosse. Bigre, pensais-je, qu’est-ce que j’aimerais bien le rencontrer. C’est fait, le voilà ! D’avoir autant côtoyé et parlé des astronautes ainsi que du secteur spatial, je suis sûr d’une chose : le héros, c’est aussi lui, Jacques Tiziou !

  • Jacques Tiziou écrit un livre (en français) sur son vécu avec les astronautes américains : soutenez-le via ce blog !
Jacques Tiziou the quiet space heroes of Washington
Jacques Tiziou dans son jardin secret. - Photo : rke
He did everything. Piloted (in a simulator, of course) an Apollo cabin, a Lunar Module LEM and the jeep, the space shuttle, touch a rocket with his finger shortly before takeoff, ate and feasted with the most famous American astronauts (Shepard, Aldrin, Stafford and so on), interviewed Werner Von Braun and Yuri Gagarin, advised space-writers, put a real astronaut suit… In brief, Jacques Tiziou is like a superman, almost a hero : « I thought the astronauts were supermen, but alongside them regularly, I noticed that they are people like us ». Yes, but Jacques Tiziou is the only European - may be only non-American journalist - to have been established in the U.S. to cover all missions since the beginning of the conquest of space.
Journalist and engineer (in the field of rocket engine) at a time, Tiziou was able to win the trust of NASA and the U.S. space environment like no other. He was first established in Cocoa Beach (not far
Coquin montage. Les astronautes
d'Apollo étaient admirateurs de la
gente féminine. - Photo : rke
from Cape Canaveral) to cover the European medias of text and images, specially the French TV and the Swiss french radio (RSR) and newspapers (La Tribune de Lausanne, now Le matin).
Today, I met him in his house located in the quiet suburb of Washington. On the roof, there is still the old TV antenna that captures radio waves. Daffodils are already erect, still bare trees seem to have suffered the passage of Hurricane Sandy last fall. The tree of his neighboring leans so much that it may fall on the house of Jacques. A really journalistic residence with paperwork until towards the door. I found a corner where I sit on the sofa. « That place is usually for astronauts ", tell me my spaceman. Oh, waht an honor ! After 3 hours of talk passionate and exciting, I drive to a restaurant corner eating an american dish…. in that Diner of the fifties, just to remember the good times of the beginnings of the conquest of space.
Je suis sur le sofa des célébrités. - Photo : Jacques Tiziou
« Hey, wait for me, I am a pre-war generation man », reminds me Jacques because he has some difficulty walking. Merit to him because he has fought and is about to cure cancer. And he is always of attack to follow the space program, often on the Internet. With the verb sharp, intelligent eye, the reassuring voice, convincing style and finesse technique, Jacques Tiziou has lost nothing of his superb journalism.
This confirms what I thought when I read his articles when I was a kid. Well, I thought what I'd like to meet. So, it’s done ! Having meet regularly and much talked about astronauts and space programm, I am sure of one thing : the hero, he is also, Jacques Tiziou !

3 commentaires:

Unknown a dit…

Quelle chance tu as eu (on se tutoie, c'est mieux) de rencontrer ce sacré personnage. J'ai failli, mais à cause d'un problème d'avion, on a pas oser le déranger le soir. Ce sera partie remise.

Il fut avec le Gd Albert, un de mes journalistes préférés des années 80 (AMI).

Caplan a dit…

Bonjour Roland!

Ah, Jacques Tiziou! Quelle chance vous avez eu de le rencontrer! J'en ai parlé il y a 4 ans sur mon blog!

http://milsabor.blogspot.ch/2009/07/autrefois-la-lune.html

Depuis, j'ai l'honneur de faire partie de ses amis Facebook aux côtés de John Glenn ou de Buzz Aldrin.

Bernard Thouanel a dit…

Cher Monsieur Keller,

Je suis tombé sur votre blog et sur votre reportage consacré à Jacques Tiziou
qui vient de décéder.

Cette maison, je l'ai visitée en septembre 1982 lorsque je suis parti pour la première fois en reportage aux Eats Unis pour le compte d'Aviation Magazine.

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai pu lire ce reportage mais aussi visionner ce film témoignage que vous aviez réalisé lors du 45ème anniversaire de la Mission Apollo 11.

Jacques avec qui j'étais toujours en contact via Facebook et via les E-Mails, ne verra pas les prochaines missions Orion et surtout LA mission humaine sur Mars dont il rêvait.

Il a rencontré les grands de cette période, vécu sans doute la meilleure époque des débuts de cette aventures spatiale extraordinaire qui semble aujourd'hui un peu en hiberbation.

Merci de nous avoir fait profiter de ces documents, et de maintenir Jacques parmi nous au travers de You Tube.

Cordialement,

Bernard Thouanel

Journaliste Aéronautique

Los Angeles