vendredi 19 juillet 2019

Apollo : « Le programme lunaire a évité une 3e guerre mondiale »


De petits pas de touristes pour faire décoller le baromètre de la fusée Saturne. - Photo : rke
[Cap Canaveral, July 19, 2019. English below] – Quand Dame Lune se réveille, la population s’émerveille. De son plein éclat en ce 19 juillet, veille des cinquante ans de l’alunissage, notre astre éclaire l’horizon loin à la ronde non seulement la nuit tombée, mais dans le cœur des Américains. À mon arrivée en Floride, le douanier a été tout admiratif de me voir débarquer faire un petit pas, dans sa grande Amérique. Une serveuse d’un fast-food m’a rappelé : « les fusées, ça c’est mon truc ! ». Je me suis senti un peu gêné d’être Suisse. L’ambiance est à l’unisson « si je puis dire » pour cet Apollo 11, ou plutôt Apollo 50, dit-on marquant ainsi tout le programme lunaire d’Apollo 1 (1967) à Apollo 17 (1972). 

Florida Today du 14 juillet 2019.
On sautille de petits pour faire décoller la fusée Saturne
Dans les rues pas de grandes pancartes qui évoquent la Lune. La grande attraction reste toujours le centre des visiteurs KSC (Kennedy Space Center) archi-comble de touristes qui viennent faire leurs petits pas voir la grande fusée Saturne V dans son hangar…. Dans une chaleur mouette à 70% d’humidité. La NASA a même installé en plein air un carrelage de planelles hexagonales sur lesquelles on peut poser les pieds. Plus il y a de petits pas, autrement dit, plus on sautille sur ces planelles, plus le baromètre monte, un peu comme applaudimètre) et lorsque le baromètre en forme de fusée est au sommet, la fusée Saturne (sur un écran vertical) décolle… avec le vrombissement reconstitué…
Pour l’Américain moyen, retourner sur la Lune représente une certaine fierté, même si les profanes ne voient pas trop les tenants et aboutissants. Après tout, cela ne peut que raviver le rêve, du tout bon pour les affaires. L'innovation spatiale est un levier de développement très rentable qui irrigue toute l'économie. Le programme lunaire a boosté nombre de technologies dont nous bénéficions encore aujourd’hui : le Téflon, le velvro, l’ensachage des chips, l’airbag, le détecteur de fumée et même les couches-culottes jetables... D’ailleurs, le smartphone et la Wifi n’auraient jamais pu exister sans « l’accéléromètre » et le « gyroscope ». 

382 kilos de roche lunaire 
Décollage : enfin, presque.
- Photo : rke
Les 382 kilos de roche lunaire rapportés sur Terre sont « les matériaux les plus précieux sur Terre » . De nombreuses découvertes sur la nature de l'Univers proviennent de l'étude de ces échantillons rapportés par la première mission, Apollo 11. Les scientifiques ont notamment pu comprendre la façon dont le satellite naturel de la Terre était né, pratiquement en même temps que la planète bleue, il y a 4,3 à 4,4 milliards d'années, à la suite d'un énorme impact sur l'ancêtre de notre planète. Mon confrère journaliste François de Closets le rappelle : « Dans un certain sens, la mission Apollo 11 a permis de sauver notre planète. Pour la première fois, l’humanité a eu un éclair de génie, éviter une autre guerre mondiale, parce que l’on était quand même parti pour s’envoyer des bombes atomiques ! Aujourd’hui, il pourrait y avoir une guerre entre la Chine et les États-Unis. S’ils pouvaient la rejouer dans l’espace…
Les avantages d’un retour sur la Lune ? Utiliser notre astre comme tremplin pour aller sur Mars, car l’eau, qui n’y est pas abondante suffirait quand même à créer du comburant-carburant (oxygène-hydrogène). Un sacré challenge !  Et puis, il serait aussi possible d’en extraire de l’hélium-3, 300 fois plus présent sur la Lune que sur la Terre. Ce serait le carburant idéal : non polluant, sans déchets radioactifs, il offrirait un très haut rendement dans des réactions de fusion nucléaire.
NASA pause.
Sans compter les avancées dans la recherche scientifique autour et sur la lune et ses potentielles retombées, le nouveau programme de la NASA Artemis (déesse de la Lune, fratrie d’Apollo-n) est très, très ambitieux. Trop pour notre époque ? 

Le programme restant des festivités
Une grande action nationale et populaire a été mise sur pied aux USA, soit 200 manifestations publiques depuis le début de l’année jusqu’au 5 août 2019, dont les 3/4 rien que ce mois de juillet. Cela va de pièces théâtrales, à des représentations dans des salles de cinéma, de tournées de golf (Alan Shepard était un féru de golf), des soirées en tenue spatiales, des défis d’étudiants en créant des alunissages avec des drones, des camps d’été lunaires, des dîners, des galas. D’ailleurs, le 16 juillet (jour du lancement, il y a 50 ans), il y a eu un gala officiel ici en Floride avec Collins et Duke. Sans oublier la Parade des astronautes dans Coco Bach en corvette, le 14 juillet. Un grand moment attendu ce samedi 20 juillet se situe sur le célèbre Times Square à New York qui se transforme pour l’occasion en mer de la Tranquillité avec un pas géant lunaire reconstitué en sable. 

Décollage reporté à mercredi 24 juillet
Et puis, nec plus ultra ce décollage CRS-18 de la fusée SpaceX Falcon 9, ici à Cap Canaveral qui, s’il n’est pas lunaire et habité, sera symbolique et quand même historique, même reporté de quelques jours. Même si ce lancement vient d’être reporté de quelques jours, il restera quand même dans les annales pour l’anniversaire d’Apollo… 50.

Apollo: "The lunar program avoided a 3rd World War"
[Cape Canaveral, July 19, 2019. English below] - When Lady Moon wakes up, the population marvels. In its full splendor on this July 19, the eve of the 50th anniversary of the Moon landing, our star illuminates the horizon far and wide, not only at nightfall, but in the hearts of Americans. When I arrived in Florida, the customs officer was all admiring to see me take a small step forward in his great America. A waitress at a fast food restaurant reminded me: "Rockets are my thing! » I felt a little embarrassed to be Swiss. The atmosphere is in unison "if I may say" for this Apollo 11, or rather Apollo 50, thus marking the entire lunar program from Apollo 1 (1967) to Apollo 17 (1972). 

We jump from little ones to make the Saturn rocket take off
In the streets no big signs that evoke the Moon. The main attraction is still the KSC (Kennedy Space Center) visitor center, which is packed with tourists who come to see the big Saturn V rocket in its hangar.... In a seagull heat with 70% humidity. NASA has even installed a tile of hexagonal planks in the open air on which feet can be placed. The smaller steps there are, in other words, the more one jumps on these planes, the more the barometer rises, a little like applaudometer) and when the rocket-shaped barometer is at the top, the Saturn rocket (on a vertical screen) takes off... with the reconstituted roar...
For the average American, returning to the moon is a source of pride, even if lay people don't see the ins and outs. After all, it can only revive the dream, which is very good for business. Spatial innovation is a very profitable development lever that irrigates the entire economy. The lunar program has boosted many of the technologies we still benefit from today: Teflon, Velvro, chip bagging, airbags, smoke detectors and even disposable diapers...
Moreover, the smartphone and wifi would never have existed without the "accelerometer" and the "gyroscope." 

At KSC VC.
842 lb of moon rock 
The 382 kilos of lunar rock brought back to Earth are "the most precious materials on Earth". Many discoveries about the nature of the Universe come from the study of these samples brought back by the first mission, Apollo 11. In particular, scientists were able to understand how the Earth's natural satellite was born, almost at the same time as the blue planet, 4.3 to 4.4 billion years ago, as a result of a huge impact on the ancestor of our planet. My fellow journalist François de Closets reminds us: "In a way, the Apollo 11 mission made it possible to save our planet. For the first time, humanity had a flash of genius, avoiding another world war, because we were still going to send atomic bombs at each other! Today, there could be a war between China and the United States. If they could play it again in space....
The advantages of returning to the moon? Use our star as a springboard to Mars, because the water, which is not abundant there, would still be enough to create oxidant-fuel (oxygen-hydrogen). It was quite a challenge!  And then, it would also be possible to extract helium-3, 300 times more present on the Moon than on Earth. It would be the ideal fuel: non-polluting, without radioactive waste, it would offer very high efficiency in nuclear fusion reactions.
In addition to the advances in scientific research around and on the moon and its potential benefits, NASA's new Artemis program (goddess of the moon, siblings of Apollo-n) is very, very ambitious. Too much for our time? 

New York Post of July 18, 2019
The Remaining Programme of the Festivities
USA Today of July 18, 2019
A major national and popular action has been organized in the United States, with 200 public demonstrations since the beginning of the year until August 5, 2019, three quarters of which were held this July alone. They range from theatrical plays, to performances in cinemas, golf tours (Alan Shepard was a golf enthusiast), evenings in space suits, student challenges by creating lunar summer camps with drones, lunar summer camps, dinners, galas. In fact, on July 16 (the day of the launch, 50 years ago), there was an official gala here in Florida with Collins and Duke.
Not to mention the Astronaut Parade in Coco Bach en corvette on July 14. A great moment expected this Saturday, July 20 is located on the famous Times Square in New York which is transformed for the occasion into the Sea of Tranquillity with a giant lunar step reconstituted in sand.

Take-off Postponed to Wednesday, July 24
And then, no more ultra, this CRS-18 takeoff of the SpaceX Falcon 9 rocket, here at Cape Canaveral which, if not lunar and inhabited, will be symbolic and still historical, even postponed for a few days. Even if this launch has just been postponed for a few days, it will still be in the annals for Apollo's birthday... 50.
New York Post of July 18, 2019