samedi 27 avril 2019

« Explosion » de Dragon-Test : SpaceX manque de transparence quand ça va mal

Image prise par Craig Bailey du Florida Today le 20 avril 2019. - Photo © Craig Bailey.
Orange smoke is seen above SpaceX's facilities.
[Cap Canaveral, April 26, 2019, rke - English below] - Le soi-disant incident – en réalité une « explosion » – lors de l’essai de la capsule Dragon de SpaceX, samedi 20 avril, préoccupe non seulement en haut lieu les autorités du centre de la Floride (Comté de Brevard), mais également tout un chacun. D’une part, parce qu’un autre décollage de SpaceX (d’ailleurs repoussé de 6 jours), est programmé pour mercredi 1er mai 2019 à 10 h locale (16h suisse). Ce nouveau tir est davantage attendu, car la fusée Falcon embarque en son sommet également une : capsule Dragon. Les essais statiques ordinaires du premier étage du lanceur de CRS-17 (photo ci-dessous) se sont fait attendre ce vendredi 26 avril, ce qui a alimenté encore le suspense. Essai de moteur qui, finalement, s’est déroulé parfaitement ce samedi 27 avril.
Certes, la capsule de CRS-17 n’est pas la même que celle qui a explosé, mais la population fait un amalgame entre l’un et l’autre vaisseau spatial. Et il y a une grande différence ! La capsule (camion) est chargée d’amener du matériel pour la Station spatiale internationale ISS par un autre « aiguillage » en étant accrochée à son arrivée par le bras robotique de la « locomotive » ISS. Tandis que la « capsule-astronaute », un peu plus cossue, s’amarre seule à l’ISS par une autre « voie » spatiale.

L'hydrazine et le tétroxyde d'azote
La capsule Dragon Demo-1. On la reconnaît avec ses nervures dans le bas.
Lesquelles contiennent les moteurs SuperDraco, intégrés.
Photo : Roland J. Keller, 1er mars 2019. Décollage : cliquez ici
Pour revenir à l’« explosion » en question, la fumée brunâtre qui s’est en dégagée, « aurait envoyé des composés chimiques dangereux dans l’environnement ». Ce n’est pas moi-même qui le relève, mais le très sérieux quotidien Florida Today (voir copie ci-contre) qui l’annonce dans son édition de vendredi 26 avril 2019 : « Les propergols de la capsule Crew Dragon – conçus pour fournir avec soin les tirs des moteurs pendant les anomalies de décollage et pour naviguer dans l'espace – sont beaucoup plus dangereux que ceux utilisés pour le lancement typique. L'hydrazine et le tétroxyde d'azote utilisés le samedi 20 avril sont appelés fluides hypergoliques, ce qui signifie qu'ils réagissent violemment lorsqu'ils entrent en contact les uns avec les autres. Ils sont utilisés dans les fusées et les engins spatiaux depuis des décennies parce qu'ils peuvent être stockés sur une longue période de temps et restent fiables. »

Florida Today. April 26, 2019.
Toxique oui. Dangereux au loin, non
La fumée qui s’est dégagée sur le tir d’essai de samedi 20 avril était donc bien toxique, du moins pour ce qui est les alentours. Comme SpaceX et la NASA sont bien conscients des risques encourus, c’est pour cela qu’ils sont très sévères en nous empêchant d’assister (journalistes étrangers, comme Américains) à ces tests. Les images de Craig Bailey qui ont fait le tour de monde où l’on voit la fumée orange et des baigneurs (voir ci-dessus), ont été prises de très loin, environ 20 km au téléobjectif, d’où cette impression d’être proche. N’empêche que l’affaire « explosion Crew-Dragon » va faire couler encore beaucoup d’encre. D’autant plus que les dirigeants du programme spatial (surtout SpaceX) restent muets sur le déroulement de l’explosion. D’habitude si ouverte à donner des informations lorsque tout va bien (quoique), la société SpaceX ne fait pas tellement preuve de transparence médiatique lorsque tout va mal. Certes, on va faire preuve de patience en attendant le rapport final sur les causes de cette catastrophe. Mais un déroulement des faits aurait déjà pu atténuer nos soupçons. De quoi ? De cachotteries…

Boeing se frotte les mains
Évidemment, l’espoir de voir s’envoler les prochains astronautes américains de Cap Canaveral cette année s’amenuise. Ce qui profite un peu à la concurrence, Boeing, qui, avec sa capsule (aussi conique) « CST-100 Starliner Orbital Flight Test » pourrait s’envoler dès le 17 août au bout d’une fusée Atlas 5, de United Alliance, la concurrence à SpaceX. Je dis bien pourrait.
Hey, où est la concurrence ? Entre Chinois et Américains ou entre les « acteurs spatiaux de l’Oncle Sam » eux-mêmes ?


  • Mon pronostic pour le décollage de Crew-Dragon Demo-2
    (avec astronautes) : mi-février 2020. Les paris sont ouverts !

Dragon-Test "Explosion":
SpaceX lacks transparency when things go wrong
Intégrés à Dragon, les moteurs SuperDraco ont bien fonctionné lors des essais de 2015. Mais pas ceux du 20 avril 2019.
Integrated with Dragon, the SuperDraco thrusters performed well in the 2015 tests. But not the ones of April 20, 2019.
- Photo : SpaceX
[Cape Canaveral, April 26, 2019, rke] - The so-called incident - actually an "explosion" - during the SpaceX's Dragon Test Capsule on Saturday, April 20, is of great concern not only to the authorities in Central Florida (Brevard County), but also to everyone else. First, because another SpaceX takeoff (which has been postponed by 6 days) is scheduled for Wednesday, May 1, 2019 at 10 am local time. This new launch is more expected, as the Falcon rocket also carries a Dragon capsule at its top. The regular static tests on the first stage of the CRS-17 launcher (photo opposite) were delayed this Friday, April 26, which further fuelled the suspense. Engine test which, finally, went perfectly this Saturday, April 27.
Non, ce n'est pas Crew-Dragon Demo-1, mais un modèle
qui sert de tests opérationnels au Port Cap Canaveral.
No, it's not Crew-Dragon Demo-1, but a model which is used
as operational tests at the Cape Canaveral Port. - Photo : rke
Of course, the CRS-17 capsule is not the same as the one that exploded, but the population makes an amalgam between one and the other spacecraft. And there is a big distinction! The capsule (truck) is responsible for bringing equipment for the ISS through another "switch" by being attached when it arrives by the robotic arm of the ISS "locomotive". While the more affluent "astronaut capsule" docks alone to the ISS through another space "path". 

Hydrazine and nitrogen tetroxide
To return to the "explosion" in question, the brownish smoke that emerged from it "would have sent dangerous chemical compounds into the environment". It is not me who is noting it, but the very serious daily Florida Today (see copy opposite) which announces it in its edition of Friday, April 26, 2019:  “The special propellants for the Crew Dragon capsule – designed to carefully supply engine firings during liftoff anomalies and navigate the craft in space – are far more dangerous than those used for the typical launch. The hydrazine and nitrogen tetroxide used Saturday are called hypergolic fluids, meaning they react violently when they come in contact with one another. They have been used in rockets and spacecraft for decades because they can be stored over a long period of time and still be reliable.”

Toxic, yes. Dangerous in the distance, no
The fumes that were released during the test firing on Saturday, April 20, were therefore very toxic, at least in the surrounding area. As SpaceX and NASA are well aware of the risks involved, that is why they are very strict in preventing us from attending these tests (foreign journalists, like Americans). The images of Craig Bailey who went around the world with orange fumes and bathers (see above), were taken from a very long distance, about 13 miles by telephoto lens, hence the feeling of being close. Nevertheless, the "Crew-Dragon explosion" case will still be a hot topic. Especially since the leaders of the space program (especially SpaceX) remain silent about the course of the explosion. Usually so open to giving information when everything is going well (but not so well), SpaceX does not show much media transparency when everything goes wrong. Certainly, we will be patient while waiting for the final report on the causes of this disaster. But a course of events could have already allayed our suspicions. Of what? Of what? Of hiding....

Boeing benefits
Of course, the hope of seeing the next American astronauts from Cape Canaveral fly away this year is dwindling. This is to the advantage of the competition, Boeing, which, with its (also conical) capsule "CST-100 Starliner Orbital Flight Test" could fly away on August 17 at the end of an Atlas 5 rocket, from United Alliance, the competition to SpaceX. I mean, could.
Hey, where's the competition? Between Chinese and Americans or between the "Uncle Sam's space actors" themselves?
  • My prognosis for the takeoff of Crew-Dragon Demo-2 (with two astronauts): 
    mid-February 2020. The bets are on!